Par Isabelle Villeneuve – Dermocosmétologue – Vice-présidente Innovation, Laboratoire Dr Renaud
Le thermomètre chute, le vent souffle et notre peau voit rouge ! En hiver, la production de sébum ralenti, le film hydrolipidique de surface est altéré, la barrière cutanée est déficiente et ne joue plus pleinement son rôle, laissant ainsi la peau sans protection. La peau ainsi se déshydrate. Elle est alors fragilisée et elle l’exprime plus ou moins fort. Plutôt peau de crocodile que peau de pêche, elle se dessèche, tiraille, rougit, chauffe, picote et se marque. Ses défenses naturelles diminuent. Elle est irritable, devient réactive, voire intolérante. Les rides et les ridules deviennent plus apparentes et elle vieillit aussi plus vite !
Toutes les peaux sont concernées par ce phénomène, mais les plus touchées sont les peaux alipiques – peaux dites sèches et très sèches – ainsi que les peaux sensibles, couperosées ou non. L’hiver est une saison peu clémente pour ces types de peaux puisque c’est à cette période de l’année qu’elles sont particulièrement très vulnérables, mais les peaux dites normales et les peaux grasses ne sont pas à l’abri pour autant.
PLAN D’ATTAQUE
Il faut adapter notre routine, choisir des textures adaptées, mettre l’accent sur l’hydratation, mais aussi sur la protection contre la déshydratation.
Hydrater, hydrater, hydrater… chaque jour, non seulement le visage, mais aussi le corps, au moins après chaque douche. Mais une fois que la peau est bien hydratée, il est impératif d’éviter qu’elle se déshydrate, en s’assurant de l’intégrité de la barrière cutanée et en la protégeant du froid, du vent, mais aussi des brusques variations de température, car ce sont autant de facteurs qui lui sont difficiles à supporter. Des rougeurs apparaissent, elle tiraille et devient irritable. D’où la nécessité d’utiliser des produits de soins protecteurs sur toutes les parties du corps plus exposées aux éléments climatiques: le visage, les lèvres et les mains. Attention, les lèvres se dessèchent très vite au froid, car elles ne sont pas protégées par le sébum comme les autres parties du visage !
Pour atteindre ce double objectif hydratation, anti-déshydratation, on peut se faciliter la vie en utilisant des soins de jour et/ou de nuit qui combinent actions hydratantes et anti-déshydratante. Ces soins double performance renferment préférablement :
. Des agents hygroscopiques comme la glycérine, l’acide hyaluronique, des glycosaminoglycanes ou des polysaccharides. Ces substances agissent comme de véritables aimants à eau et retiennent l’eau dans la peau pour maintenir un niveau d’hydratation optimal.
Parmi les substances anti-déshydratantes, les plus intéressantes sont bio-identiques – présente naturellement dans la peau – donc en affinité parfaite avec la peau :
. Des céramides et autres lipides essentiels, les substances anti-déshydratantes naturelles de la peau
La couche cornée est l’élément protecteur principal de la peau. Outre les cornéocytes, principalement composés de kératine, la couche cornée est constituée de lipides essentiels à la structure cutanée : les céramides, le cholestérol et les acides gras libres. Ces lipides de la couche cornée sont localisés dans le ciment intercellulaire et dans les membranes des cornéocytes. Ils ont pour rôle principal de former une barrière plus ou moins perméable aux échanges et de retenir l’hydratation. En application topique, ils se fondent instantanément dans les premières couches de l’épiderme pour renforcer la barrière cutanée et colmater momentanément toute brèche qui pourrait favoriser la déshydratation.
. La niacinamide
Un autre ingrédient très intéressant qui améliore la fonction barrière et donc l’hydratation : la niacinamide. Aussi connue sous le nom de vitamine B3, elle augmente l’auto-régénération des céramides et des acides gras et limite la perte insensible en eau. Elle a besoin d’un peu de temps pour exercer ses propriétés donc, idéalement on la couple avec des céramides pour leur action immédiate. En prime, la niacinamide atténue l’apparence des taches pigmentaires et autres signes visibles du vieillissement.
. Les Oméga-3, des alliés indispensables
Avec le froid et les changements de température fréquents et brutaux, il faut aussi prendre en charge l’irritation ou l’inflammation de la peau. Les oméga-3 jouent un rôle primordial au niveau de notre peau, aussi bien structurel que fonctionnel. Tout d’abord, les oméga-3 font partie des lipides constituant les membranes des cellules. Appliqués sur la peau, ils s’intègrent naturellement dans les lipides des membranes des cellules. Ainsi ces lipides bio-identiques confèrent élasticité et résistance à la peau tout en participant à l’effet barrière. Ensuite, un apport d’oméga-3 réduit significativement la concentration d’un médiateur de l’inflammation dans les cellules de l’épiderme : la PGE2 ou la prostaglandine 2. La peau est ainsi apaisée. À retenir donc, pour se jouer des rigueurs du climat. On peut ajouter quelques gouttes d’un sérum huileux riche en oméga-3 dans notre crème, matin et soir ou dans notre masque.
Des huiles ou des beurres d’origine végétale viennent compléter avantageusement l’éventail des ingrédients à rechercher. Par exemple, des beurres, comme ceux de karité, de mangue ou de cacao, forment une véritable barrière contre le froid en déposant un film protecteur, mais non collant à la surface de l’épiderme. Les textures sont généralement très onctueuses et la sensation de confort et d’apaisement à l’application est immédiate.
Incontournable également, le choix d’un nettoyeur épidermique plus doux, qui respecte l’intégrité de la barrière cutanée, les sécrétions sébacées étant moins importantes en hiver.
Enfin, l’hiver est aussi la saison idéale pour profiter des nombreux bienfaits des masques. Hydratants, régénérateurs des lipides, nourrissants, apaisants. Excellents compléments des soins quotidiens, ils donnent un coup de pouce à la peau en quelques minutes.
Non, l’hiver n’aura pas notre peau si nous posons les bons gestes ! Un dernier petit conseille : pensons à protéger notre peau du soleil avec un écran solaire FPS 30 au minimum. La neige réfléchit jusqu’à 90% des rayons UV. Alors même si l’on gèle, la protection solaire demeure indispensable!